DE L’AUTRE COTE DU MUR, LE JARDIN
Une alternative à la peine de prison à la Seyne-sur-mer
Juin 2022
Une problématique sociale mondiale…
Le projet questionne le système judiciaire et punitif français ainsi que la posture de l’architecte face à ces problématiques. Plus que jamais, la justice est remise en question sur plusieurs aspects et notamment celui du respect des droits de l’Homme. Le fonctionnement actuel veut que l’architecte participe à l’amélioration des prisons de demain dans le respect de cahiers des charges des plus contraignants, lesquels restreignent l’architecte dans sa liberté créatrice pour le soumettre aux normes du système carcéral.
Aussi, face aux problématiques que le milieu carcéral et punitif induit, le projet profite de la carte blanche donnée pour proposer une alternative à la prison. Cette alternative se traduit par la conception d’un centre de resocialisation et d’accompagnement des peines alternatives à la Seyne-sur-Mer. Ce centre accueille une expérience où le suivi des condamnés se ferait dans un régime de liberté, de confiance et d’autonomie ainsi que par la participation du reste de la société, ici les habitants de la Seyne. Afin de favoriser cette participation et de garantir des conditions les plus favorables au bon fonctionnement de cette expérience, elle s’implante en continuité des projets de valorisation de littoral. Ainsi, le centre de resocialisation et d’accompagnement des peines alternatives se construit par strates, partant du paysage à l’architecture. Toutes les composantes du projet permettent, dans un premier temps, de reconnecter la parcelle avec le reste de son territoire, ainsi que d’accompagner les condamnés dans leur peine et leur réinsertion. Des ambiances paysagères aux matérialités architecturales du projet, elles permettent toute d’instaurer ce régime de confiance et de responsabiliser peu à peu les condamnés. De plus, les richesses architecturales comme paysagères garantissent une expérience sensorielle au condamné, à l’antipode des environnements aseptisés vécus dans les prisons. L’architecture abrite également toutes les scènes de vie et de rencontre entre les différents acteurs, qui sont le pilier du fonctionnement du centre de resocialisation et d’accompagnement des peines alternatives. Chaque édifice et programme joue un rôle déterminant dans quotidien des condamnés.
Ici, le mur n’est plus porteur de la symbolique de la prison. Il n’est plus seulement la limite entre le dedans et le dehors. Libéré des contraintes existantes dans le cadre des commandes publiques actuelles, le mur devient ici porteur de nouvelles symboliques d’espoir. Le mur n’est plus punitif, mais il participe à la réinsertion des condamnés par ses couleurs, ses spatialités, ses matérialités.
L’histoire commence, l’été 2019, dans une salle de cinéma. Ce soir-là, je ne choisis pas le film que je visionnerais. Non, ce soir-là, j’achète le billet pour la première séance programmée pour découvrir Nevada. Durant l’heure et les 36 minutes suivantes, je suis plongée dans les coulisses d’une prison au milieu du désert. Je découvre ainsi la violence, la souffrance, le sentiments de culpabilité qui dictent le quotidien des condamnés. Une violence qui pousse certains spectateurs à quitter la salle de projection. Echo du comportement de la société face à ce sujet. Ce film me pousse à voir l’Homme avant le criminel et détruit le cliché des condamnés malades et irrécupérables. En parallèle de ce portrait cru des prisons, un espoir est également dépeint : la puissance des programmes de réinsertion et de l’humanité reconférée aux condamnés. Je sors de la salle émue. Ainsi commence ma réflexion autour du milieu carcéral.
Février 2020, un événement imprédictible me replonge dans le sujet : la Covid 19. En effet, la crise sanitaire nous a tous fait expérimenter plusieurs périodes de quarantaine. Nous confrontant à l’isolement forcé, au sentiment d’abandon, à la solitude, à des états dépressifs ayant conduit dans le pire des cas à des situations tragiques.
Comment ne pas projeter ce quotidien à celui d’un condamné et ne pas imaginer les effets à long terme de l’enfermement ?